Le 8/12
Long trajet, La voiture est un endroit pour réfléchir, pour être seul dans sa tête et ça me plaît beaucoup,
Je roule tranquillement, la station de radio distille de la musique pop rock, je me laisse bercé par les vibrations de la voiture,
Solitaire, je double des camions isolés ou des files de camions,
Je m’arrête dans une station-service, au comptoir des Aromes, je m’offre un café tiré d’une machine à écran tactiles et options multiples, qui aboutit au même gout décevant,
Dehors les fumeurs cols relevés, abrités sous le préau de la boutique, regardent passer les mondes sans les voir,
Lacanau, Réserve Naturelle de Cousseau, à – de 50 km de Mérignac et à 3 km de la mer, située entre les étangs d’ Hourtin et de Lacanau, après avoir posé la voiture sur le parking nord, je marche dans un lieu pas bien loin des zones habités, j’emprunte un route étroite, puis une piste cyclable, le temps est bien frisquet, le ciel est gris, je ne sors pas les mains des poches, je pénètre dans ces chemins de sable loin des rugissements des bagnoles,
La flore est typique de la forêt Landaise, avec ses pins maritimes, ses chênes verts et pédonculés et ses arbousiers qui côtoient sur les dunes sèches, je traverse des paysages,
Un brin contemplatif
Je mangeais ces fruits quand j’étais gamin, j’en mange un, un peu sucré un peu âpre à la fois, la forêt a peuplé ces dunes anciennes,
Marcher est une fuite, je crois que je fuis, je fuis le quotidien, le moment présent, je fuis les autres, mais je marche pour entrer en contact avec les autres, avec le monde, marcher c’est un truc de solitaire, désormais ce qui m’attend, ce sont des heures de silences de libertés et quelques secrets d’une nature préservée
La richesse de ces lieux est également à respecter, l'écologie n'est pas un concept, c'est une façon de ressentir les choses, depuis l'enfance je passe des heures à regarder le ciel et la nature, je me connecte à elle, Je n'ai pas attendu que les « vert » me disent d'éteindre la lumière pour savoir que c'est une question de bon sens,
Je refuse l'écho anxiété, je refuse la vision apocalyptique des écologistes, ils n’on n'a pas le droit de voler l'espoir aux Jeunes, car les jeunes sont créatifs et demain sera tout aussi surprenant, nos enfants et nos petits enfants sont beaucoup plus aptes à gérer le monde qui arrive que nous,
Mon logiciel est usé et n'est plus adapté,
Sympa à pied au milieu des fougères, les feuillages prennent toutes les teintes qui vont du vert poireau aux toasts grillés, j’entends des pigeons dans les branches,
La présence des herbes sauvages me rassure, quand je marche tout se met en mouvement, le gel, le sable, le vent, le soleil, me lave de l’engourdissement du quotidien, mes jambes énergiques et robustes me portent vers l’avant, que je marche les yeux rivés au sol ou le nez en l’air, je quitte le présent, s’échapper est un grand plaisir,
J’entends les oiseaux du marais,
Je suis le chemin, ligoté par son fléchage, beaucoup de panneaux explicatifs et d’interdit, la cueillette est interdite, peu de tolérés, rares obligations, la discrétion est de rigueur,
Le chemin des pêcheurs longe les eaux du lac et débouche sur une des deux tours d’observation, la vue à 210 degrés sur le marais est superbe,
Paradoxe du marcheur solitaire, la marche me conduit à des rencontres, à l'échange aux partages, en bas je discute avec deux dames assises sur le point de vue du niveau zéro, mangeant un morceau de pain et du fromage, elles viennent prendre l’air et sont garées au parking a 1km5 de là,
"C’est le monsieur avec ses deux chiens en liberté qui fait fuir les oiseaux"
Transformer des paysages en mots, jolie vue sur l’étang via un joli sentier d’interprétation, la molinie, jolie herbe est une graminée, le fadet des laîches est un beau papillon mais il n’est pas là l’hiver,
J’amasse des pas par milliers, des nuages boursouflés de gris passe au-dessus du marais,
Je marche, la rando longe en parallèle une piste cyclable toute neuve, je marche résistance à la société qu'on me tricote, en essayant toujours de nous convaincre, d'adorer le veau marchand,
Devant la dune boisée, le vent dessine sur l’eau, en hiver de nombreuses espèces viennent nicher dans la réserve comme des canards, mais aussi des rapaces, milan noir, balbuzard pêcheur, si je suis chanceux, un circaète Jean-le-blanc ou les célèbres grues cendrées…
Aucun oiseau ne sera au rdv!
Au détour d'un chemin, des traces fraîchement laissées dans le sable par des chevreuils ou des sangliers m’accompagnent dans ce patrimoine Médocain,
La marche est le deuxième mode de transport derrière la voiture et devant les vélos, la marche provoque des ondes de joies dans le corps et l'esprit, le vent pousse les nuages et offres des chemins bleus dans le ciel, le chemin s’illumine,
S'arrêter attendre en regardant l'horizon,
Après 20km environ, je rejoins ma destination finale, l’Océan, les pieds dans l’eau, j’en prends plein les mirettes, je flâne, j'observe, je marche lentement, la lenteur permet des surprises dans les observations, je termine mon tour, pieds nus, devant une tasse de chocolat chaud, dans une véranda face à la mer,